-- NutriDécrypt --
Vous avez sans doute déjà entendu parler des index glycémiques (IG), puisque vous êtes en train de lire cet article. Mais du coup, concrètement, qu’est-ce que c’est ? Est-ce que c’est important et pourquoi ?
Un IG mesure l’effet d’un aliment sur la glycémie, c'est-à-dire le point auquel l’ingestion d’un aliment fait monter fortement le taux de glucose (de sucre) dans le sang.
Concrètement, ça se mesure relativement à l’effet du glucose sur la glycémie : on compare toujours l’effet de l’ingestion de 50g de glucose avec l’effet de l’ingestion de 50g de glucides d’un aliment donné. Le glucose a un IG de 100 ; plus un aliment e un IG faible (proche de 0), moins il a d’effet sur la glycémie.
Deux aliments qui apportent la même quantité de glucides peuvent avoir un effet très différent sur la glycémie et c’est ce que les IG nous permettent de connaître.
Et du coup, c'est pas mal important. Pour bien comprendre ça, il faut avoir une idée de ce qui se passe quand on consomme des glucides.
Lors de toute ingestion de glucides, les processus de la digestion se déclenchent, les glucides sont transformés en unités simples et passent dans le sang sous forme de glucose. En réponse, le pancréas sécrète de l’insuline, une hormone qui va faire chuter le taux de glucose dans le sang et qui fait rentrer tout ce glucose à sa juste place : dans les organes qui peuvent le stocker (les muscles, pour de futurs efforts, notamment, mais pas que) puis, s’il y en a trop, sous forme de graisses. La quantité d’insuline sécrétée est directement liée à l’ampleur de la montée de la glycémie.
Imaginons donc que vous veniez de manger une grande quantité de sucre en poudre - c’est pour l’exemple, ne faites pas ça, c’est même pas bon -. La structure simpl(issim)e des glucides qui le composent et le fait que vous le consommiez tout seul font que le sucre passe à peu de choses près intégralement et très rapidement dans le sang. Votre glycémie monte d’un coup et, en réponse, le pancréas balance l’équivalent de pleins canadairs d’insuline, pour calmer la montée de la glycémie. Résultat, tout ce glucose est très rapidement évacué de votre sang… sauf que le pancréas a sans doute fait un peu de zèle : les derniers canadairs balancent leur chargement, même si l’urgence est passée. Résultat, l’insuline fait sortir plus de glucose que nécessaire du sang, donc la glycémie chute, c’est l'hypoglycémie. Vous allez probablement alors avoir très faim voire, dans les cas prononcés, froid, des vertiges…
A l’inverse, quand on consomme des glucides à IG bas (des lentilles, par exemple), la digestion est plus complexe et donc plus lente, le glucose se retrouve dans le sang progressivement et en petites quantités ; le pancréas dégaine l’équivalent insulinique d’un petit brumisateur à plantes, la glycémie monte beaucoup moins, chute beaucoup moins et on a de l’énergie pour plusieurs heures.
Le contrôle de la glycémie est bien évidemment crucial pour les diabétiques, qui peuvent plus aisément maîtriser ses fluctuations en orientant leurs apports glucidiques autour d’aliments à IG bas - et n’ont pas à arrêter de consommer des glucides s’ils consomment principalement ces sources de glucides ! Mais ce contrôle est important également pour les non diabétiques !
On l’a évoqué juste au-dessus, notre corps est très bien armé pour réguler le taux de sucre dans le sang, avec plusieurs conséquences. La plus évidente, c’est la sensation de faim : notre glycémie y est très directement liée. Aussi, maintenir une glycémie stable permet de maintenir la satiété : certains repas nous permettent de ne pas avoir faim pendant 4 ou 6 heures, quand une collation très sucrée nous laissera avec l’envie de grignoter de nouveau une heure après.
La glycémie a également un effet direct sur notre niveau de forme : certains de nos organes (le cerveau notamment) dépendent du glucose disponible dans le sang pour leur fonctionnement, ce qui fait qu’on a tendance à avoir des coups de barre ou le cerveau “brumeux” quand la glycémie chute. On a également généralement moins d’énergie.
Par ailleurs, si nos corps sont des mécaniques en général bien huilées, avec des mécanismes de contrôle efficaces, des pics d’insuline forts et fréquents (dans le cas d’une alimentation très riche en aliments à IG hauts) peuvent, à terme, fragiliser le pancréas. Il n’est alors plus capable de sécréter suffisamment d’insuline pour contrôler le taux de sucre dans le sang, amenant au diabète.
On l’a dit un petit peu plus haut, lorsque l’insuline frappe très fort et qu’il y a trop de sucre dans le sang, elle en favorise le stockage sous forme de graisses - ce qui est très pratique pour contrôler la glycémie et ne porte pas à conséquences ponctuellement, mais peut causer une accumulation de masse graisseuse si le phénomène est fréquent et nous conduit donc à grossir. Qui plus est, si les chutes de glycémie sont fréquentes (en cas de consommation d’aliments à IG élevés), la sensation de faim revient beaucoup plus régulièrement et on a donc tendance à plus manger.
Pour résumer, contrôler sa glycémie, par la consommation d’aliments à IG bas, permet en général de se sentir mieux (meilleure forme, meilleures performances, avoir moins faim et donc moins grignoter) et de lutter contre des problèmes de santé à long terme, mais ce n'est pas une règle absolue.
Malheureusement, le réflexe “sucre rapide” = IG haut, “sucre lent” = IG bas n’est pas bon. Les IG ont permis de se rendre compte que ces classifications entre sucres rapides et lents ne veulent en fait pas dire grand-chose. Le pain blanc, par exemple, a un IG très haut (90, soit, accrochez-vous bien, plus que le sucre blanc, qui est à 70). Des généralités persistent bien sûr : en général, plus un aliment est constitué de glucides complexes, plus il est riche en fibres, plus son IG est bas, mais ce ne sont justement que des généralités.
Vous trouverez sur le blog des tableaux d’IG pour plusieurs catégories d’aliment, si vous voulez en savoir plus.
De notre côté, on considère que les aliments à IG <= 55 sont des aliments à IG bas (et donc à favoriser), les aliments à IG >= 70 comme des aliments à IG hauts (et donc à limiter).
On a beaucoup parlé d’index glycémique, qui est donc la capacité de 50g de glucides d’un aliment à faire monter la glycémie, mais les aliments ont des teneurs en glucides très variés ! La pastèque, par exemple, a un IG très élevé (75), on pourrait donc considérer qu’il vaut mieux limiter sa consommation. Mais, la pastèque, c’est surtout de l’eau : elle ne contient que 7g de glucides pour 100g de pastèque. Avant de faire monter la glycémie avec de la pastèque, on peut en manger une certaine quantité !
Pour prendre en compte la teneur en glucides des aliments, on utilise généralement la charge glucidique (CG), dont le calcul est très simple :CG = IG * quantité de glucides dans une portion de l’aliment / 100, soit
CG = IG * quantité de glucides aux 100g * taille de la portion en 100aine de grammes / 100.
Cette CG donne, plus concrètement que les IG, une idée de l’impact de l’aliment consommé sur la glycémie, mais elle dépend de la taille de la portion consommée et peut donc être moins facile à utiliser.
Face à tous ces facteurs de variation il peut être un peu difficile de savoir s’y retrouver. Soyons clairs, nous ne sommes pas du tout en train de suggérer que vous devez arrêter de manger du pain, qu’il vaut mieux consommer ses pâtes crues, voire des grains de blé pas mûrs directement récupérés sur un épi. Dans le fouillis des IG, voilà donc nos quelques conseils pour s’y retrouver :