Ingénieure agro le jour, coach en nutrition la nuit

-- Tranches de vie --

Difficile, en quelques mots, d’expliquer comment on est tombé dans la nutrition. C’est ça d’avoir un parcours qui se réoriente, y’a toujours ce moment en entretien d’embauche où il faut expliquer ce stage improbable qui n’a rien à voir avec le reste - dans notre tête, pas de problème, on y voit clair, on sait pourquoi on l’a fait et, si, bien sûr, ça a du sens, mais encore faut-il l’expliquer correctement.

Avant la nutrition, les sciences

Un point important : j’aime apprendre. Depuis longtemps, les sciences, ça m’éclate ! De la biologie aux mathématiques, en passant par la physique (même si j’espère qu’on excusera ma hantise de la mécanique des fluides), particulièrement ce qui touche au domaine du vivant. 

Avant mes études, j’étais assez sportive et puis je suis allée en classe préparatoire et, bon, disons que j’ai eu d’autres priorités. Sans compter que, pour me soutenir dans l’effort pendant les révisions et les devoirs, j’avais toujours un truc sucré à grignoter à portée de mains (les paquets de fraise Tagada ont appris à me craindre pendant cette période). Une bien belle période pour l’équilibre alimentaire et une vie saine et équilibrée en général, quoi.

Arrivée en école d’ingénieurs en agronomie, j’ai pu reprendre un peu de sport, mais les cuisines partagées des logements étudiants n’étaient pas franchement propices au développement d’une passion culinaire… La proximité d’un Picard et l’existence d’un compartiment à glaçons dans le mini-frigo de l’époque ont été sans aucun doute les plus grands sauveurs de ma consommation de vitamines de l'époque.

Puis j’ai quitté l’école, je n’ai plus eu les mêmes infrastructures sportives à disposition, j’ai commencé à travailler. Et puis, parce que je n’ai jamais fini d’apprendre, j’ai commencé une thèse.

Mine de rien, le fait d’avoir une visibilité professionnelle sur quelques années m’a permis de me poser un peu, de commencer tranquillement à prendre des bonnes habitudes de vie : apprivoiser une routine sportive (à ce moment-là, je faisais pas mal de yoga et j’ai démarré le foot avec des collègues), manger plus sain, mais aussi plus varié qu’avant, découvrir qu’en fait, cuisiner, j’aimais bien ça. 

Et puis avec le temps qui passait, j’ai complètement renoué avec la grande sportive que j’étais et le sport a de nouveau pris une grande place dans ma vie : sport avec des collègues deux fois dans la semaine, séances de fitness régulières à la maison, un peu d’escalade… Et ça m’a fait un bien fou ! Je me sentais plus en forme, plus forte et puis tout simplement globalement mieux.

Une nouvelle expérience...

C’est à peu près à ce moment-là que j’ai commencé à vouloir perdre un peu de poids : comme de juste, j’avais gagné quelques kilos en prépa, que je ne n’avais jamais franchement reperdus depuis. Je n’en avais jamais eu envie jusque là, tout simplement. Mais là, avec la reprise du sport de façon régulière et le fait d’avoir la main sur mon alimentation, j’ai commencé à avoir envie - et les moyens - de retrouver une silhouette plus athlétique.

Sauf que bon, encore faut-il savoir comment s’y prendre : arrêter de manger, ça n’a jamais été une bonne solution. Du coup j’ai commencé à me renseigner sur le sujet : nutrition, cuisine à la maison, ce qui n’était vraiment pas une bonne idée de faire pour perdre du poids (ce qui est plus facile que de savoir ce qui est vraiment une bonne idée)...

Ça ne m’a pas empêchée, au début, n’ayant pas encore tout bien compris, de faire un peu n’importe quoi quand même, bien sûr. Résultat, pas de souci, j’ai perdu du poids, mais c’était pas une période de grande forme ni de grand bonheur et, qui plus et, dès que j’avais deux semaines de relâchement, je reprenais pas mal. Heureusement, au fur et à mesure que j’acquérais des connaissances sur le sujet, j’ai pu rectifier le tir et changer de perspective !

J’avais déjà commencé à comprendre ça, mais je crois que c’est pendant cette période que j’ai vraiment réalisé que, se nourrir, ce n’est pas juste faire le choix de ce qu’on mange un jour donné, c’est prendre une myriade de petites décisions, de petites habitudes, qui ne représentent pas grand-chose en tant que telles, mais qui ont une grande influence sur la suite. Et que, cumulées à l’échelle d’une semaine, d’une année, ces habitudes d’alimentation saine permettaient aussi d’être en meilleure forme pour toute sa vie, de se sentir mieux et d’être en bonne santé longtemps. Que “faire des efforts” quelques mois n’avait aucun sens si ça nous rendait malheureux et qu’on n’avait qu’une hâte, c’est que ça soit fini. Que “bien” manger, ça veut dire avant tout apprécier ce qu’on mange et s’assurer qu’on pourra se sentir bien pour bien longtemps ! Et surtout que, manger sain, ça ne veut pas (et ne doit surtout pas vouloir) dire manger des trucs pas bons, ni passer deux heures en cuisine à préparer chaque repas. Je me suis mis à faire plus la cuisine, cherchant des nouvelles recettes qui soient faciles, rapides, saines - et surtout super bonnes -... Et faisant progresser mes compétences en pâtisserie en parallèle, pour contenter mon estomac à sucré (celui qui a toujours de la place pour le dessert, quoi que j’aie mangé avant).

... qui se concrétise

Et puis, comme je n’ai jamais fini d’apprendre et que le sujet de la nutrition commençait à me passionner, forte de ces nouvelles perspectives, je me suis lancée dans trois formations : coaching sportif et accompagnement à la perte de poids, nutrition et nutrition du sportif (oui, tout à la fois, je suis comme ça. J’avais fini ma thèse et eu mon doctorat, il ne m’a pas fallu longtemps pour me relancer). A l’origine, c’était vraiment juste pour moi : pour en apprendre plus, pour comprendre comment tout ça fonctionnait, pour pouvoir concevoir mes séances de sport, pour savoir comment vraiment bien manger, pour me sentir bien et me faire plaisir.

Ça a été une période très sympa, de voir gentiment le changement arriver, tout en étant en super forme et en n’ayant jamais eu autant de plaisir à manger (que ce soit via une superbe assiette de salade avec tout un tas de trucs trop bons et sains dedans ou un énorme goûter majoritairement constitué de gâteaux avec des amis).

Plus ça allait, plus je me suis rendu compte qu’il y avait plein de personnes un peu dans la situation que j’avais connue dans mon entourage : pas très contentes de leur silhouette, pas très convaincues de leur alimentation, sans forcément savoir comment faire pour changer, sans forcément avoir envie non plus de ne plus manger que des asperges et du poisson blanc - ce qui se comprend. J’ai entendu tout et son contraire sur les techniques pour perdre du poids, des grosses incompréhensions de principes de la nutrition, des gens qui ne faisaient pas du tout de sport parce qu’ils ne voyaient pas comment faire entrer ça dans leur vie déjà bien assez remplie comme ça, des gens qui n’aimaient pas les légumes (tous les légumes), des gens qui avaient tenté des régimes qui n’avaient pas marché et dont le poids n’arrêtait pas de faire le yoyo… Bref, je me suis rendu compte qu’il y avait de nombreuses personnes que quelques conseils ciblés auraient pu énormément aider. Et je me suis dit que c’était quand même franchement dommage d’avoir rassemblé tout un tas de connaissances, qu’elles soient au sujet du sport, de la nutrition, ou des astuces culinaires, pour les garder pour moi.

Et donc me voilà, ingénieure agronome le jour, coach en nutrition la nuit (enfin, surtout tôt le matin et les jeudis), avec pour envie d’aider les autres à se sentir bien, sur le long terme.